Riel, Ane – Les fantômes ne pleurent pas

Traduction : Terje Sinding
Un grand merci aux éditions du Seuil pour l’envoi de ce livre.


Alma est si âgée qu’elle ne dénombre plus les ans, vite fatiguée, entièrement sourde, mal assurée sur ses jambes, elle oublie parfois certaines choses, beaucoup de choses, mais jamais de remonter sa vieille horloge. Son horizon est bien limité depuis qu’elle n’ose plus sortir par crainte de tomber, mais loin de s’en plaindre, elle se réjouit de ce qu’il lui reste.
Pourtant la vie n’a guère épargnée, à 6 ans sa fille est fauchée par une voiture, sa maison a brûlé, son mari dont le tempérament querelleur a fait fuir toutes ses amies, a mal vieilli, tellement mal vieilli qu’elle préférerait aujourd’hui en avoir perdu la mémoire.
Depuis quelques temps elle remarque un petit garçon promener son chien devant chez elle , quand il voit la vieille dame lui faire signe, il s’encourt d’abord, mais peu à peu il s’approche et finit par entrer chez elle. Malgré sa surdité l’aïeule et l’enfant échangent, rient d’un rien et se lient d’un amour profond et tendre.

Entre souvenirs, refoulements et oublis, entre amour, haine et solitude, la vie d’Alma fut davantage un chemin d’épines que de roses.
Ana Riel nous offre un magnifique roman sur la vieillesse avec ses douleurs, ses empêchements, ses oublis qui, acceptés avec bienveillance, leur ôte toute âpreté et les amadoue comme on le fait avec un animal un peu récalcitrant.
Une vieillesse qui peut alors, à l’instar de l’enfance, s’émerveiller et se réjouir d’un rien, une vieillesse qui se réconcilie avec les aléas de la vie, avec les erreurs et les horreurs, avec la vie telle qu’elle fut.
Un roman superbe, aussi violent que tendre, bouleversant.

32 réflexions sur « Riel, Ane – Les fantômes ne pleurent pas »

  1. « un magnifique roman sur la vieillesse avec ses douleurs, ses empêchements, ses oublis… » ?
    O la la, Hedwige!

    Je préfère les livres de vieilles dames gaies et optimistes, par exemple le nouveau livre de la baronne Nadine de Rothschild (92 ans): « Mes chères baronnes », avec de brèves biographies de ses prédécesseurs dans l’honorable famille des milliardaires Rothschild.

    Pas toutes les dames vivent jusqu’à 92 ans, pas toutes sont milliardaires, pas toutes sont gaies et optimistes. Mais on pourrait au moins essayer.

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    1. Certes oui chère Olivia, mais la suite de ma phrase (et du livre) continue par « qui, acceptés avec bienveillance, leur ôte toute âpreté et les amadoue comme on le fait avec un animal un peu récalcitrant ». Après oui, on peut rire, comme Alma le fait dans ce roman avec cette joie totale qu’éprouvent les enfants.

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      1. L’auteur Ane Riel a 52 ans, née en septembre 1971 à Copenhague.

        À mon avis, « l’âge » commence à 70 ans. Bien sûr, les plus jeunes peuvent aussi écrire des romans sur les personnes âgées, pourquoi pas ? Tout est permis dans la fiction.

        Mais Ane Riel n’a pas elle-même connu la vieillesse. Elle ne le sait que par ouï-dire ou en observant les personnes âgées.

        Je préfère lire les livres de gens comme la baronne Nadine von Rothschild, qui sait de quoi elle écrit. À 92 ans, elle a vécu une pleine vie. Chapeau !

        Qui sait si Ane Riel vivra aussi long? Qui sait comment elle se sentira à 92 ans? Il faudra attendre encore 40 ans pour le savoir …

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