Gustawsson, Johana – L’île de Yule


Hiver 2012 Sur l’île de Storholmen, une adolescente préparée selon un rituel complexe et pendue à un sapin surprend un promeneur. L’inspecteur Karl débarque sur l’île pour enquêter mais aucune piste ne se profile bien que la victime ait été identifiée.
Hiver 2021. Emma, jeune experte en art se rend sur la même île pour répertorier et estimer les biens contenus dans le manoir des Gussman. Le maître des lieux lui impose un horaire d’accès très limité ce qui force la jeune femme à de longues pauses qu’elle passe dans l’unique auberge du lieu tenue par la douce Anneli.
Pendant son séjour sur l’île, Emma apprend avec effroi qu’un corps d’adolescente pris dans la glace et disposé comme celui d’il a 9 ans s’est échoué près d’un lieu de baignade.
Et derechef Karl le policier se heurte à un néant d’indices.

Trois voix vont prendre la parole, celles d’Emma, de Karl et de Viktoria qui travaille comme domestique au manoir et s’effraie de l’intérêt exagéré de sa fille pour les légendes vikings.
L’écriture est belle et l’intrigue si chargée de mystères qu’il est inutile d’émettre des hypothèses tant les masques sont indiscernables et les mensonges indétectables (ou presque).
Dans ces contrées où la nuit règne en maître, mieux vaut ne pas être mère, non plus qu’enfant, et surtout pas fille.
Alors oui c’est un livre prenant, touchant et assez effarant sur les pouvoirs de la parole et de l’écrit comme remparts contre la folie des mères.

Jonasson, Ragnar – A qui la faute

Traduction : Jean-Christophe Salaün


Islande. Quatre anciens amis se retrouvent enfin pour un week-end de chasse à la perdrix en montagne.
Daníel vit en Angleterre où il tente de percer comme acteur, Gunnlaugur est avocat, mais incompétent il est réduit à des tâches subalternes, Helena est ingénieure, elle ne parvient pas faire le deuil de son compagnon mort 5 ans plus tôt, enfin Ármann est devenu guide dans ces montagnes après bien des vicissitudes.
Après une première escale houleuse, ils repartent vers les hauteurs montagneuses lorsqu’un blizzard terrible et inattendu prend de court . Aveuglés, frigorifiés, ils tombent enfin sur une cabane assez misérable à l’intérieur de laquelle les attend le plus improbable des spectacles.

Justement à partir de ce moment là, le livre part en quenouille, la surprise dans la cabane est proprement invraisemblable, les réactions des uns et des autres parfaitement insensées et on dirait qu’à part Daniel, les réactions et motivations du trio restant valent celles de trois adolescents énervés.
Après quoi, ayant réussi à faire capoter leurs projets dans les grandes lignes et causés quelques dégâts, l’histoire se termine comme si rien ne s’était passé.
Quelle déception quand on sait le talent et la finesse psychologique dont l’auteur est capable !

Edvardsson M.T. – Ceux d’à côté

Traduction : Rémi Cassaigne

Mike et Bianca Andersson ont quitté Stockholm et sa violence pour s’installer dans un quartier paisible où leurs deux enfants pourront s’épanouir
Leur voisine, Jacqueline, est une ancienne mannequin qui s’amourache vite des hommes et noie ses déceptions dans l’alcool. Elle vit avec son fils de douze ans, Fabian, un enfant surdoué, asocial et imprévisible que sa mère défend quoi qu’il fasse, ne lui inculquant ni limites ni règles morales.
En face réside Ola, un veuf qui traîne une réputation de violence et plus loin demeure un couple de retraités grands amateurs de ragots.
Fabien cherche en Mike un père idéal, Ola trouve une confidente en Bianca, Jacqueline veut séduire Mike, et la tension grimpe dans le couple Mike-Bianca tandis qu’une sourde menace plane sur le quartier, nous gagnant peu à peu. Jusqu’à l’accident.

Très vite et bien malgré elle, la famille Andersson réveille les besoins et pulsions de leurs voisins qui tentent d’attirer Mike, Bianca et leurs enfants dans les filets de leurs penchants égoïstes ou malades, chacun d’eux devenant ce qu’ils sont dans leur part la plus laide ou la plus médiocre.
En place d’une montée du suspense, nous n’avons qu’une croissance de malaise avec un arrière-goût d’agressivité dont on ne s’étonne pas qu’il débouche sur l’accident du seul personnage resté digne dans ce quartier.
Au final ce roman assez léger ne m’a guère enchantée.


Padgett, Abigail – Poupées brisées

Titre original : Dollmaker’s Daughters
Traduction : Danièle Bondil et Pierre Bondil.


Bo Bradley est assistante sociale au service de protection de l’enfance. Sa cheffe l’a prise en grippe depuis son entrée en service et tente en vain de la licencier. En effet tout les oppose, l’une se laisse guider par ses intuitions et ce don de seconde vue qui lui vient par moments et qu’elle attribue à sa maniaco-dépression, l’autre ne pense que par règlements interposés et fait fi des personnes et des enfants qui n’entrent pas dans ce cadre légal.
Non seulement Bo ne se plie pas aux dictats de sa cheffe, mais elle va bien au-delà de sa fonction et s’engage auprès des enfants dont elle s’occupe en enquêtant sur les raisons profondes de leurs troubles.
Comme par exemple cette jeune adolescente de 13 ans qui au cours d’une soirée, se fige après avoir crié « Kimmy », le nom de sa poupée brisée attachée à son poignet. Bo va éviter la mise en hôpital psychiatrique de cette enfant sensible et souffrante que sa cheffe veut faire interner et dont elle retire la charge à Bo, ce qui n’ébranle en rien l’engagement de notre héroïne étonnée de ce que cette ado soit en famille d’accueil alors que ses parents et grand-parents vivent encore. Et notamment ce grand-père fabricant notoire de poupées
Vivent encore oui mais de quelle façon et jusqu’à quand ? Car tout se passe comme si le cri de l’adolescente signait l’annonce d’un passé et d’un présent criminel dans sa famille.
Touchant, bouleversant, original et passionnant, ce roman d’une richesse que je n’ai fait qu’effleurer est le dernier d’une série à lire selon les opportunités.

McFadden, Freida – La femme de ménage

Titre original : The housemaid
Traduction : Karine Forestier


A sa sortie de prison, et sans travail, Millie, à 27 ans, vit dans sa vieille voiture. Aux abois, elle postule chez une richissime dame prête à l’engager. Millie est ravie même si elle doit dormir dans un minuscule cagibi meublé d’un mince lit de camp et doté d’un verrou à l’extérieur de sa porte.
Son employeuse, Nina, est une grosse dondon avec un Andrew de mari hyper sexy et une fille, Cecelia, d’emblée hostile à Millie et toujours vêtue de robes à dentelles démodées. Il y a encore un jardinier qui semble vouloir avertir Millie d’un « pericolo ».
Au fil des jours, Millie est troublée : la maison est chaque jour d’une saleté inimaginable, Nina prétend avoir dit ce qu’elle n’avait jamais dit et vice versa. Seul Andrew paraît normal, avenant et même plutôt attiré par la belle Millie.

Une histoire où les apparences sont tout ce qu’il y a de trompeur, où vous irez de surprises en surprises, et c’est déjà une raison de s’y précipiter mais en plus ce livre se termine de façon percutante ce qui est assez rare pour être signalé.
Bon il y a bien un petit côté excessif, un peu trop de coïncidences inespérables, mais si vous êtes prêts à un zeste de naïveté, vous verrez, ce roman est absolument jubilatoire

McFadden, Freida – La femme de ménage

Titre original : The housemaid
Traduction : Karine Forestier


A sa sortie de prison, et sans travail, Millie, à 27 ans, vit dans sa vieille voiture. Aux abois, elle postule chez une richissime dame prête à l’engager. Millie est ravie même si elle doit dormir dans un minuscule cagibi meublé d’un mince lit de camp et doté d’un verrou à l’extérieur de sa porte.
Son employeure, Nina, est une grosse dondon avec un Andrew de mari hyper sexy et une fllle, Cecelia, d’emblée hostile à Millie et toujours vêtue de robes à dentelles démodées. Il y a encore un jardinier qui semble vouloir avertir Millie d’un « pericolo ».
Au fil des jours, Millie est troublée : la maison est chaque jour d’une saleté inimaginable, Nina prétend avoir dit ce qu’elle n’avait jamais dit et vice versa. Seul Andrew paraît normal,t avenant et même pluôt arriré par la belle Millie.

Une histoire où les apparences sont tout ce qu’il y a de trompeur, où vous irez de surprises en surprises, et c’est déjà une raison de s’y précipiter mais en plus ce livre se termine de façon percutante ce qui est assez rare pour être signalé.
Bon il y a bien un petit côté excessif, un peu trop de coïncidences inespérables, mais si vous êtes prêts à un zeste de naïveté, vous verrez, ce roman est absolument jubilatoire

Carrisi, Donato – La maison des voix

Titre original : La case delle voci
Traduction : Anaïs Bouteille-Bokobza


Pietro Gerber est un psychologue hypnotiseur d’enfants pour le tribunal à Florence. Peu intuitif et rationaliste, il enregistre ses patients avec des caméras cachées sans leur accord.
Une collègue lui téléphone d’Australie et lui demande de se charger d’Hanna Hall venue habiter à Florence, car elle prétend avoir tué Ado, son petit frère. Quoique réticent, Pietro accepte de la suivre mais Hanna outrepasse toutes les règles thérapeutiques, ce qui inquiète Pietro parce que lui-même, attiré par la jeune femme, ne se tient plus à son rôle de psychologue. Sous hypnose, Hanna raconte ses premières années avec ses parents, fuyant les autres, déménageant sans cesse dans des lieux reculés, abandonnant tout derrière eux sauf une petite caisse gravée au nom d’Ado. Une vie rude mais heureuse, illuminée par l’amour de ses parents.

C’est un formidable roman sur la mémoire inconsciente ou indicible. Chez les enfants, elle est reconstruite, déformée ou inventée au point de sembler mensongère alors qu’elle est leur seule manière d’exprimer la vérité.
Chez l’ adulte, elle est si profondément enfouie sous des couches d’oblitérations et de fermetures que seule une main tendue et acceptée pourra conduire l’adulte au bord de cette vérité qui le détruit et le sauve.




Mi-ae, Seo – Bonne nuit maman

Seon-Gyeong, psychologue criminelle, est envoyée par sa hiérarchie interroger un redoutable tueur en série déterminé à ne faire des révélations qu’à elle, et elle seule.
A la fois curieuse et fort inquiète, la jeune femme s’interroge sur ce qui dans l’histoire de cet homme, l’a amené à la choisir.
En parallèle, Seon-Gyeong accueille chez elle la fille de son époux, cette enfant de 10 ans dont elle n’avait jamais entendu parler(!) avait déjà perdu sa mère et vient de perdre ses grands-parents dans un incendie suspect survenu la veille.
La tâche n’est guère aisée pour Seon-Gyeong avec un mari souvent absent et une fillette sautant d’une froideur glaciale à une rage soudaine pour être tout sourires avec son père.

Criminologue chevronnée, Seon-Gyeong est loin d’être à la hauteur de la double tâche qui est confiée : face au tueur elle réagit comme une débutante de façon émotionnelle et peu avisée; face à l’enfant elle veut se prouver qu’elle peut être une bonne mère ce qui lui assure d’en être une déplorable.
L’intérêt du livre se situe du côté de la question sur ce qui induit un homme à devenir un monstre ? Une mère odieuse ? Un père absent ou pervers ? Il semble que toute réponse possible ne soit jamais que circonstancielle sans jamais atteindre l’essentiel, le mystère insondable du Mal

Vander Hoeven, Nancy – Cette blessure d’où je viens.

Le commissaire Jack Ferreras est mandé dans la très riche propriété des époux Tessier actuellement en mission humanitaire. Il y découvre quatre personnes sauvagement poignardées. Le même soir, Chloé, la fille Tessier, s’annonce au commissariat ; mutilée et blessée, elle dit avoir été séquestrée et violée durant plus d’un an par un certain Fighter avant de parvenir à s’enfuir La coïncidence trouble Ferreras qui en appelle à son amie psychiatre, Isaure. Cette dernière, profondément touchée par le récit que fait Chloé de son calvaire, s’investit énormément afin d’amener sa patiente à creuser son passé.
Rappelés, les parents de Chloé sont interrogés par Jack et Isaure. La froideur de la mère et la lâcheté du père frappent la psychiatre qui pressent un drame familial bien occulté

Il ne s’agit en rien dans ce roman d’une enième histoire de séquestration avec violences, malgré le récit détaillé qu’en fait Chloé à sa psychiatre, car ce livre se lit entre les lignes, là où crient les silences, dans ces blessures d’où naissent les mots.
Avec sa sensibilité à fleur de peau, Nancy Vander Hoeven nous offre ici un thriller psychologique de haut vol mais qui, contraint comme nous le sommes tous à sa part d’indicible, nous laisse avec un vague sentiment d’incomplétude
Dommage qu’il y ait cette part de romance discordante avec l’ensemble et incompatible avec l’éthique de la psychiatre

Turner, John T. – Ephé(mère)

Isabelle Lelièvre fait la Une des journaux, elle est le monstre, celle qui a commis l’inimaginable
Pourtant la jeune femme, dernière-née d’une famille de vignerons régie par une mère dure au travail, était l’effacement et la soumission même, si discrète qu’on l’oubliait facilement.
S’égrènent ensuite les voix de ceux qui l’ont côtoyée, sa soeur qui l’envie, son époux qui l’assigne à vouloir ce qu’il veut, son amie qui la plaint
Qui donc est Isabelle sinon celle que chacun modèle selon ses propres attentes, forme de douce violence que la jeune femme percevait intuitivement et à laquelle elle se pliait, ne pouvant imaginer une opposition et remisant ses aspirations et son être en un recoin intime où la lumière finit par ne plus pénétrer.-

Dans ce roman d’un drame annoncé, qui va au rythme de la vie, chaque personnage est tissé dans ce chatoiement qui trame le coeur des hommes tandis que, poignante, la pâleur d’Isabelle signe son insondable solitude dont il n’est pas sûr qu’elle dispose de l’espace pour la percevoir

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