Carayon, Christian – Comment va la nuit ?


Anthony est vieux, c’est un homme marqué, solitaire à l’extrême, taiseux. Aujourd’hui, gavé de souffrances, il sort dans la neige, tombe et meurt.
Au troisième âge de sa vie, Anthony s’installe dans une bergerie isolée frôlant les montagnes. Un jour une jeune infirmière achète la ferme qui fait pendant à la bergerie, La joie ombrée de tristesse de la jeune femme fascine le vieil homme. Leurs passés de douleur les uniront d’amitié avant qu’il ne commette l’irréparable, brisant leur entente.
Le deuxième âge de sa vie est marqué par la terrible maladie et le suicide assisté de sa mère, une femme admirable dont il ne fera jamais le deuil. Il y rencontrera Katel, l’amour de sa vie qu’il aimera pourtant moins que lui-même 
Au premier âge de sa vie il est béni des dieux puisqu’il a une mère exceptionnelle de courage et d’inépuisable amour.

Il faut noter la plume magnifique de l’auteur, l’intelligence de ses dialogues, leur profondeur et cette sensibilité pudique qui me touche bien davantage que les hauts cris.
Anthony est un homme à qui tout a été donné, une mère aimante, des facilités intellectuelles et manuelles, un ami extraordinaire, un amour et des amies merveilleuses, mais il n’a jamais rien rendu, quand il n’a pas gâché ou détruit ces cadeaux de vie.
J’ai eu de la compassion en même que de l’irritation pour cet homme qui n’a jamais pu aimer réellement, s’est endurci, ensauvagé et qui, ayant beaucoup vécu, est néanmoins passé à côté de sa vie.

17 réflexions sur « Carayon, Christian – Comment va la nuit ? »

  1. « ayant beaucoup vécu et tout de meme passé à coté de sa vie » …

    Qui décide si une personne rate sa vie ? La société ? Le maire autoritaire, le voisin envieux? Le critique de livres ou la chroniqueuse de potins?

    Je pense que chaque personne établit ses propres priorités et décide de son chemin dans la vie.

    « Passer à coté de sa vie » me semble une affirmation banale, un jugement stupide, indigne d’une personne sensée.

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    1. Je pense au contraire que par égoïsme, par lâcheté, on peut détruire la vie de l’autre, passer à côté du bonheur offert, tourner le dos à ses valeurs et à ses idéaux. Et estimer, juger soi-même que l’on est passé à côté de l’essentiel.
      Je n’ai pas dit « rater » sa vie, mais « passer à côté » et c’est bien le héros du livre qui ne le dit pas mais le désigne.

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      1. Je ne connais pas le héros de ce roman, je ne le connaîtrai jamais car je ne lirai jamais ce livre.

        Parfois il est avantageux d’éviter certaines choses, certaines personnes, certaines situations et de « passer à côté » …

        Heureusement, nous avons tous et toutes notre propre idée de la vie que nous voulons mener. Il y a beaucoup de gens différents et de modes de vie différents.

        Je vous souhaite tout le meilleur, chère Hedwige.

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  2. Hum hum, ayant terminé mes lectures, je suis en train de faire une nouvelle liste de livres a acheter… c’est décidé: « comment va la nuit » fait partie de la liste, j’adore ton expression « ayant beaucoup vécu et tout de même passé à coté de sa vie », voilà de quoi alimenter une réflexion sans fin 🙂
    Merci pour ce beau partage et cette analyse tout à fait pertinente…
    Belle journée à toi Hedwige 🙂

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