Patagonie. Dans une estancia d’élevage, la mère gère tout d’une main de fer et fait travailler ses fils comme des esclaves, sans répit ni loisirs..
Raphaël, le petit, est né après la mort du père. Les aînés, des jumeaux, estiment Rafael responsable de ce départ, le haïssent et le maltraitent avec une cruauté extrême. Lancés sur leurs chevaux ils se jettent l’enfant terrorisé comme un ballon, sous le regard indifférent de la mère.
Le troisième fils, Steban, imite d’abord ses aînés mais comme il bégaie, ses frères le rejettent et le traitent de débile. Car une nuit, Steban a vu sa mère partir avec son père et revenir seule, couverte de sang. Depuis,.la peur de subir le même sort le paralyse, figeant sa langue et son esprit.
Quand Rafael reçoit son cheval, il connaît son premier bonheur, mais un soir de fatigue et de coups il oublie de fermer la porte et deux chevaux s’enfuient. Il quitte alors l’estancia et se promet de ramener les chevaux échappés.
Avec son écriture stupéfiante d’imagination et de beauté, dans laquelle s’entend le galop des chevaux, les cris de haine et de peur des frères, la force d’indifférence de la mère et la passion d’un peuple au sang chaud, avec ses personnages qui ont la puissance et l’envergure des héros tragiques, avec son exaltation de la nature et du monde sauvage, Sandrine Collette nous offre à mon sens un de ses plus grands romans, un livre qu’il convient de lire tout haut tant ses mots et ses phrases frappent les corps et touchent les coeurs.
Comme souvent chez cette auteure, les messages convoyés comme les pensées et sentiments des personnages ne sont pas dits ni exprimés, mais ils sont montrés dans des gestes ou par des actions, ce qui confère une vivacité et une profondeur très particulières à ce texte que je vous conseille, vous demande, vous enjoins de lire.