Ward, Catriona – La dernière maison avant les bois

Titre original : The Last House on Needless Street
Traduction : Pierre Szczeciner


Ted vit seul dans une maison délabrée dont il a barricadé les fenêtres, seul, enfin il y a quand même sa fille Lauren qu’on entend parfois jouer bruyamment et Olivia le chat qui, en certains chapitres, prend voix.
Onze ans plus tôt une enfant a disparu non loin de là. Certes, Ted avait un solide alibi mais Dee, la soeur de la disparue, l’a toujours cru coupable et, dès que possible, loue la maison voisine de la sienne d’où elle pourra le surveiller et s’assurer que sa soeur n’est pas emprisonnée chez lui
Il est d’ailleurs étonnant que la police n’ait pas plus enquêté sur Ted, parce que depuis lors plusieurs gamins se sont également égarés dans la région sans jamais revenir.
Et que fait donc Ted la nuit dans le bois? Pourquoi fuit-il les miroirs ?

Dans une langue à la syntaxe volontairement disloquée, avec une grammaire qui se joue des genres et des conjugaisons, l’auteure nous fait entrer dans une pensée que seule une telle langue pouvait traduire.
Et il fallait cette langue-là pour qu’un pan de ma pensée se déchire, s’ouvrant ainsi à une autre, déchirante.
Avec une infinie tendresse Catriona Ward pénètre les souffrances les plus intimes de chacun, celles qui sont des abîmes, celles qui creusent des sillons de douleurs dans le corps et l’esprit et se terrent, effrayées, quand les ombres menaçantes et sans noms surgissent dans la nuit.
Un très grand livre qui se lit lentement car tout, jusqu’au moindre objet, parle et fait sens.
Vous qui entrez ici, n’abandonnez pas toute espérance.

28 réflexions sur « Ward, Catriona – La dernière maison avant les bois »

  1. Ta chronique et les autres commentaires me confirment qu’un livre c’est autant le lecteur qui le fait que l’auteur qui l’a écrit. Pour ma part j’ai été incapable de continuer une lecture que j’avais pourtant commencée avec beaucoup d’envie. J’ai été complètement désarçonné par l’écriture que tu qualifie de disloquée et par ce personnage qui m’a paru demeuré. J’ai abandonné car la lecture devenait plus une souffrance qu’un plaisir, mais en même temps je suis ravi de constater à quel point les gens sont différents. Peut être que ta chronique m’incitera à reprendre ce bouquin dans d’autres dispositions.

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    1. Il faut certainement être dans une certaine disposition d’esprit, avoir connu ou s’être intéressé aux troubles mentaux et être sans doute préalablement averti pour apprécier ce livre fort déroutant.
      Et tu as tellement raison sur la re-création du livre par le lecteur. Merci pour cet apport !

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