Druart, Nicolas – L’instinct

2019. Quatre personnes roulent en covoiturage. Lors d’une halte sur une aire, elles s’effraient de voir un colosse couvert de sang leur faire signe.
Hiver 2021. Un fourgon transportant un criminel taillé acomme un hercule dérape sur la chaussée glissante et l’assassin s’échappe dans la forêt.
Non loin de là, 4 chalets sont loués par des vacanciers dont une mère avec son bébé, un couple en crise, deux jeunes femmes amoureuses et un écrivain de thrillers.
Mais la nuit apporte ses bruits suspects, ses rôdeurs menaçants, ses ombres et l’angoisse monte encore quand un arbre géant s’abat, entravant la route du retour.
Dans la forêt se trouve un zoo fermé depuis qu’un homme s’est jeté dans la fosse d’une mère ourse pour s’y faire étriper. Il fallut alors tuer l’animal.

L‘atmosphère de ce roman est lugubre en diable : l’angoisse de savoir un dangereux criminel dans les parages, les issues coupées, le temps orageux et le vent hurlant dans les frondaisons, tout conspire à effrayer les vacanciers.
Les personnages qui peuplent ce livre ne m’ont inspiré aucune empathie et leur psychologie est fort sommaire, tout au plus comprend-on rapidement que leur malaise est aussi bien intérieur qu’extérieur à eux.
L’histoire est bien amenée et bien construite, la fin est inattendue, ce qui est toujours un point positif.
C’est donc roman d’ambiance très cinématographique qui plaira aux amateurs du genre.

Desai, Kishwar – Les origines de l’amour

Titre original : Origins of Love
Traduction : Benoîte Dauvergne


Simran Singh, assistante sociale et enquêtrice, se rend à Londres sur la demande de ses amis chefs médecins d’une clinique de mères porteuses Or un bébé, Amalia est séropositive alors que la mère porteuse ne l’est pas et les constituants de l’injection analysés.
Les parents adoptifs décèdent dans un accident suspect et la mère porteuse disparaît,
A la douane de Mumbai, des embryons venus d’Europe sont détournés et sont envoyés dans une clinique occulte.
Simran doit retrouver Edward, le donneur du sperme pour Amalia, s’assurer qu’il n’a pas le sida et prospecter du côté de « Mybaby.com », cette clinique londonienne qui envoie en Inde les spermes et ovules de parents stériles ou en incapacité de porter l’enfant désiré.

Durant cette longue et périlleuse enquête, l’auteur se rend auprès de femmes qui louent leur utérus pour sortir leur famille de la misère, des femmes à peine majeures qui meurent ou deviennent parfois stériles à force d’être exploitées au profit de riches familles issues du monde entier .
L’extrême misère de ce pays engendre toutes les corruptions et tous les trafics. Pour ces millions d’indiens qui ne possèdent rien, il ne leur reste que leur corps à vendre, une pauvreté dont profitent les vendeurs d’organes et locataires d’utérus.
Ce texte peut dérouter parce que la temporalité en Inde n’est pas la nôtre “ l’avenir régissant notre présent, inféodée à la croyance au progrès comme mesure de la conscience du temps, est aux antipodes de la conception mythique du temps, indifférent e à la notion linéaire de progrès “ (Nirmal Verma ) ce temps indien peut être comparé à celui du rêve où tout est présent quelle que soit son origine et le déroulement de ce temps extérieur à l’homme.
Un roman dur qui révolte et affecte, un grand livre où l’auteure poursuit son odyssée de l’Inde profonde, celle des monstruosités auxquelles la misère expose tant d’indiens et surtout d’indiennes

Findley, Timothy – La fille de l’homme au piano

Titre original : The Piano Man’s Daughter
Traduction : Isabelle Maillet

A l’aube du XXème siècle, Lily Kilworth, née d’un père décédé avant sa naissance, souffre de crises d’épilepsie. Ses grand-parents et sa mère l’accompagnent dans ses crises, mais quand la mère de Lily épouse un homme qui dirige une fabrique de pianos, un homme dur et autoritaire, ce dernier enferme Lily dans le grenier dès qu’ils reçoivent du monde car il ne pense qu’en termes de bienséance
Pour supporter cet enfermement, la petite Lily joue avec des allumettes, le feu devient dès lors l’exutoire de sa détresse et de sa peur.
L’histoire est narrée par Charlie, le fils de Lily et d’un père inconnu dont la quête l’emprisonne.

Ce roman aborde la situation d’une enfant née d’un premier mariage, rejetée à ce titre et ce d’autant plus qu’ elle présente une différence qui effraye et oblige à affronter son impuissance.
Lily, adorée par ses grands-parents, détestant dès le premier regard ce beau-père dénué d’amour qui rendra malheureuse sa femme.
Lily fragilisée, ses crises, ses absences, son besoin de fuite et d’allumer du feu quand la panique s’installe.
Lily mise en pension et enfin épanouie auprès d’amies compréhensives et complices, jeune fille fantasque, femme touchante qui perd pied à force d’adversités.
Lily femme à fleur de peau, à fleur de folie,
Ce magnifique roman, superbement bien écrit, est plein de sensibilité et de poésie. J’en ressors émerveillée et bouleversée.







Prose, Nita – La femme de chambre

Tirre original : The Maid
Traduction  Estelle Roudet


Molly Gray la narratrice de ce roman, vit seule depuis la mort de sa grand-mère qui l’a éduquée et protégée avec amour contre la méchanceté du monde, car Molly prend toute parole au premier degré, et toute conduite comme sincère, ce qui lui a valu bien des sarcasmes et des brimades.
Par chance elle est engagée comme femme de chambre dans le prestigieux hôtel Regency Grand.
Molly est ruinée depuis qu’un jeune escroc, mimant l’amoureux transi l’a piégée et dépouillée de son héritage, aussi compte-t-elle sur les pourboires que lui laissent les clients mais dont sa cheffe qui la déteste s’empare avant qu’elle ne puisse les recueillir.
Un jour la femme de chambre découvre le très riche monsieur Black dans son lit, mort. L’inspectrice Clark appelée sur les lieux, déclare cette mort suspecte et mène une enquête qui, on s’en doute, conduira à soupçonner, et à inculper Molly.

A la fois crédule puisqu’elle ne peut concevoir la duplicité, et extrêmement intelligente dans ses déductions et réflexions, Molly est une personne attachante dans son besoin d’être protégée et du fait qu’elle se donne toute entière tant dans son travail comme dans ses affections.
Au départ, j’ai eu envie de classer Molly dans une catégorie, par exemple dans le spectre autistique, mais l’auteure ne le fait à aucun moment, refusant cette limitation, cet enfermement et elle a bien raison parce qu’ainsi Molly peut être ce qu’elle est sans réserves.
C’est un roman sympathique, touchant, parfois drôle, qui se laisse lire avec plaisir mais risque de sombrer rapidement dans les oubliettes de ma mémoire.