Denjean, Céline – Matrices

Pris dans une pluie diluvienne un conducteur percute une jeune femme enceinte qui décède peu après dans les bras d’un médecin surgi tout à propos. Avant de mourir elle prononce les mots « Save the others ». L’autopsie de la jeune nigériane révèle un marquage au fer rouge et l’ enfant qu’elle porte n’a aucun gène commun avec elle.
La major Louise Caumont et son adjointe et amie Violaine Menou, la première dissimulant de profondes blessures sous un masque de froideur , la seconde plus intuitive et spontanée, vont se lancer à corps perdu dans cette enquête. Progressivement se dessine l’existence d’un vaste réseau mafieux qui se procure le ventre des femmes aux fins de fournir des nouveaux-nés sur mesure à de riches familles françaises.
La mort de la jeune nigériane dont l’enfant devait absolument être livré à temps, va obliger le livreur à capturer une jeune française enceinte, ce qui ne sera pas sans conséquences.

Remonter une telle filière dans laquelle trempent des familles ultra riches , en passant par tout une filière d’ordures qui se font une fortune sur ces jeunes femmes qui n’ont de valeur que marchande sinon rien, est une entreprise de longue haleine bien éprouvante pour Louise et son équipe.
Différentes voix alternent dans ce roman, celles d’hommes sans scrupules, avides d’argent et de pouvoir, qui se donnent des allures honorables mais n’ont qu’eux-mêmes et leur satisfaction égoïste comme point de mire.
Celle d’une jeune femme nigériane vendue par les siens, séquestrée elle ne sait où avec d’autres jeunes femmes enceintes, terrorisée à l’idée du viol et du vol de l’(son) enfant à sa naissance. Elle relate son périple jusqu’en France.
Vient ensuite le récit bouleversant d’une jeune femme qui fut vendue comme prostituée, donnée en location à l’industrie du porno pour y subir d’innombrables humiliations et violences filmées et qui assista à des scènes d’une horreur sans nom
Et vient enfin grâce à la bienveillance et la délicatesse de Violaine, la parole de Louise, déchirante, qui nous donne à comprendre sa réserve et à compatir à ses souffrances.
Un thriller magistral et passionnant dans lequel Céline Denjean dénonce avec lucidité et sensibilité, l exploitation sans limites des femmes

41 réflexions sur « Denjean, Céline – Matrices »

  1. Je n’ai jamais lu Céline Denjean encore, mais très envie de découvrir sa plume depuis un petit moment, et c’est pourquoi j’ai depuis peu (quelques jours) ce thriller 😉 Hâte de le découvrir du coup. Et ça promet une belle série.

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    1. C’est une réalité épouvantable et monstrueusement éprouvante mais le livre ne l’est pas, du moins si tu as l’habitude de lire des thrillers, Céline Denjean propose des situations affreuses d’une manière – style, scènes dérivatives etc. – non atroce.

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  2. Je n’ai jamais lu cette auteure mais j’avais repéré ce roman et Précipice également. Pour celui-ci, ce trafic d’êtres humains doit être glaçant. On ressent toute la colère que tu portes à ces monstres qui tirent les ficelles d’un réseau aussi immonde. Ta chronique reflète tous les sentiments que tu as dû traverser au cours de cette lecture, merci pour tes mots Hedwige !

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    1. La création de la misère suivie de son exploitation et la corruption semblent en effet inhérentes aux sociétés, un peu pire dans certaines que dans d’autres qui tentent encore de maintenir quelques barrières branlantes.

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