Roy, Chris – Des ailes sous ma peau

Depuis toujours Lars est amoureux fou de Amel, une fille sublime et mystérieuse. Mais Amel abandonne ses études et s’enfuit. Des années plus tard, elle appelle Lars qui accourt, la sort de son taudis avec son enfant et l’épouse. Ensemble il ont un fils mais Amel ne s’en occupe ni ne l’aime, engluée qu’elle est dans un jeu en ligne auquel elle initiera son fils avant de disparaître.
Totalement affolé, Lars appelle la police et se retrouve inculpé car sa femme a laissé des preuves et une lettre l’inculpant de maltraitances diverses. Complètement abasourdi Lars se laisse condamner. Il sortira trois ans plus tard pour constater, déçu, l’addiction totale de son fils au jeu de sa mère.

Ce roman a été un choc. D’abord il nous plonge dans les pires perversions que s’inventent ces milieux où l’on s’estime au-dessus des lois. Ensuite il met en scène la façon dont un jeu en ligne peut fasciner et piéger un enfant prêt à tout pour y progresser.
Une ombre menaçante et malsaine plane sur ce thriller et si j’ai eu quelques soupçons, je n’ai jamais imaginé jusqu’où l’intrigue me mènerait ni jusqu’à quel point l’odiosité des personnages me révolterait.
Comme réserves je dirais que les personnages manquent vraiment d’épaisseur et de consistance, si bien que je n’ai pu ni m’y attacher ni compatir à leur sort.

Bayot, François – Promesse de mort.

Blasé par une vie de luxe et sans attaches, Vincent quitte sa compagne et Paris pour New-York. il y rencontre Wendy, une séduisante journaliste dont il tombe amoureux.
Lors d’une soirée au restaurant, un commando cagoulé surgit, abat un sénateur et tire sur plusieurs clients. Le couple en sort violemment choqué et secoué.
Le lendemain, Wendy échappe de justesse à deux tentatives de meurtre et comprend alors qu’elle sera partout en danger pour avoir vu le visage d’un des tireurs. Terrorisée, elle s’adresse à la police et supplie Vincent de l’amener en France. Ils s’envolent donc pour Paris, puis rallient le domaine des parents de Vincent en Normandie.
Tandis qu’à New-York l’enquête sur l’assassinat du sénateur et les agressions contre Wendy se poursuit, en France, le domaine ne sera pas cet havre de paix tant espéré.

C’est une intrigue complexe et redoutable où l’on prend un réel plaisir à rechercher les fausses pistes, les vrais coupables et les raisons de tant de destructions et de morts. Et il y a de quoi cogiter , et de quoi pleurer !
L’auteur m’a procuré ce plaisir supplémentaire de pouvoir découvrir des bribes de réponses distillées et repérables au cours du livre, si bien que la fin, si elle est une surprise, ne l’est pas totalement.
L’auteur a réalisé un beau contraste entre New-York trépidant, tout en clinquant moderne et le domaine normand avec son un côté vieille France et son calme routinier. Contraste qui s’inverse pour Vincent et Wendy, dont les comportements diffèrent fortement d’un continent à l’autre.
Enfin l’écriture est maîtrisée, travaillée et belle tout en ne s’imposant pas.
Une réussite !

Merci à l’auteur pour cette lecture !

Viotty, Maud -Je pensais nous sauver

Pierre, 50 ans, ne vit plus que dans le deuil de Louise, son amour décédée 15 ans auparavant. Son travail monotone à l’usine, les visites sur la tombe de Louise puis chez sa mère qui veut tout savoir et tout diriger, rythment son quotidien triste et rassurant.
Un soir, en sortant du cimetière, il croise une jeune femme à bout de forces et de frayeur, il la recueille chez lui et avec une infinie délicatesse, lui permet de se reposer et, espère-t-il, de se sentir à l’abri.
Par bloc-note interposé ils échangent quelques confidences. Céleste, tel est son nom, a fui l’emprise d’un mari pervers narcissique dont elle redoute la traque et les pièges. Aussi quand son chiot meurt brutalement, elle se ratatine de peur, persuadée que son ex-mari l’a retrouvée et la menace.

Céleste apporte un sens et une grandeur à la morne vie de Pierre, il va pouvoir se vouer à la guérir, à la sauver et la rendre heureuse et bien sûr il va tomber éperdument amoureux d’elle qui l’aime en retour.
Cependant Pierre est fortement dérangé quand Céleste porte les habits pieusement gardés de Louise et il souffre, perdu devant les sautes d’humeur et la méchanceté qui parfois s’emparent d’elle.
Est-ce l’emprise subie qui rend Céleste si instable ? Ne devrait-elle pas consulter un psychologue ? se demande Pierre inquiet pour elle.
Avec sa belle construction et ses personnages certes assez univoques mais extrêmement touchants, l’auteure nous offre ici un thriller psychologique hors normes et passionnant que je vous recommande fortement.



Hendricks, Jaime Lynn – Tout était si parfait

Titre original : It could be anyone
Traduction : Julien Haguet

Un groupe d’amis s’envole de New York vers Miami afin d’assister au mariage de leur amie Fiona avec le beau Trevor Vaughn.
Au cours du repas de noces, alors que chacun est bien aviné, Trevor s’écroule et meurt subitement suite à une violente et, nous le savons, suspecte réaction allergique.
Qui donc, parmi les membres du groupe, a introduit l’agent allergène dans la nourriture de Trevor ? Chacun d’eux désire ardemment la mort de cet agent de sécurité peu scrupuleux qui connaît leurs plus sombres secrets et menace de les divulguer s’ils s’opposent à son mariage avec la naïve, et riche, Fiona.

Un seul parmi eux a refusé ce chantage odieux, et, son méfait livré par Trévor, s’est vu exclure par son groupe d’amis.
Il faut beaucoup de bonne volonté pour accepter que chacun de ces six amis ait commis d’épouvantables méfaits qui leur vaudraient le rejet de tous, et il faut beaucoup de patience pour suivre Trévor exercer longuement son chantage envers chacun des protagonistes.
Alors oui, le suspense finit par s’étioler et peu importe en finale qui a introduit l’agent allergène, ils en ont tous le même désir intense.
Et finalement, même si leurs fautes secrètes sont loin d’être glorieuses, ne viennent-ils pas de commettre pire encore en acceptant de livrer leur amie à ce pervers de Trévor qui la méprise et la rendrait malheureuse?

Un grand merci aux éditions After Real pour cette lecture.

Ellory, R.J. – Une saison pour les ombres

Titre original ; The Darkest season
Traduction : Etienne Gomez


Cela fait 20 ans que Jack Deleveau est parti de ce bled qu’est Jasperville, fuyant les froids polaires, les jeunes filles, dont sa chère soeur, tuées et dévorées par dit-on ce géant filiforme qu’est le wendigo, abandonnant son petit frère Clavis ainsi que la jeune fille aimée qu’il avait pourtant promis d’emmener avec lui.
Aujourd’hui un policier l’appelle et lui demande de revenir à Jasperville car Clavis a tenté d’assassiné un homme et ne veut parler qu’à son frère.
C’est ainsi que Jack, depuis vingt ans dépouillé d’âme et de sens revient à la vie en rentrant chez lui, dans ses peurs, ses troubles et sa culpabilité. Il se souvient de ces femmes merveilleuses qu’étaient sa mère et sa soeur, de la folie de son grand-père plein d’amour et de son père paranoïaque et violent.

La partie policière de ce roman ne sert, à mon sens, qu’à souligner les mouvements d’âme des différents protagonistes mais en elle-même, elle est de peu d’intérêt. Et puis je n’aime pas les finales en forme de lapin sortant du chapeau du magicien quand de ce lapin il ne fut jamais question auparavant..
Comme souvent chez cet auteur tout repose sur la beauté de son écriture et cette force psychologique qui laisse transparaître dans chaque personnage, si modeste fut-il, la profondeur, la subtilité et la puissance de son monde intérieur.

Nieto, Patrick – Les fleurs de macadam


Toulouse. Une prostituée chinoise exerçant dans un camping-car est tuée d’une balle dans la tête. Suivent deux autres attentats contre des femmes prostituées, une jeune nigériane, actuellement dans le coma, et une roumaine installée depuis peu.
Tandis que l’équipe menée par la lieutenant Philomène Garcia se casse les dents sur la raison de tels meurtres et l’identité de l’assassin, Aïssa, la petite nigériane toujours dans le coma, revit par flashes les atrocités subies tout au long de sa migration vers l’Europe.
L’équipe d’investigation est harcelée par sa hiérarchie pour la bonne, ou la mauvaise, raison que près de la petite Aïssa gisait également, abattu de trois balles, le corps d’un avocat réputé.

Avec la maestria d’un homme qui connaît le monde policier et réussit superbement à en restituer le climat, Patrick Nieto nous introduit dans la nuit de ces femmes venues chercher un coin de ciel et jetées, bien malgré elles, dans les enfers de la violence quand maquereaux et mafiosos profitent de leur innocence et de leur désarroi pour tout leur prendre.
Cette difficile enquête se conclut sur un hymne à toutes ces femmes sacrifiées sur l’autel du dieu argent.

Hawkins, Paula – Angle mort

Titre original : Blind Spot
Traduction : Corinne Daniellot


Edie, Jake et Ryan forment un trio uni par une solidarité scellée dans leur jeune adolescence
Des années plus tard, Jake a épousé Edie, ils vivent dans une pauvre bicoque à bord de falaise, largement désargentés puisque Jake, devenu un scénariste est refusé partout. D’ailleurs c’est une énième dispute à ce sujet qui a conduit Edie à se réfugier chez Ryan.
Quand Ryan se rend chez Jack, il est sidéré: Jack est étendu sur le sol, frappé à mort par un objet contondant. Dépêchée sur place, la police conclut rapidement à la culpabilité de Ryan.
Edie se retrouve seule, sans but ni attente. C’est alors que le passé, soudainement, refait surface.

Les personnages sont réduits à un seul point de vue ; ainsi Edie est celle qui ne veut rien voir, Jake est celui qui cache pour que nul ne voie, Ryan est celui qui ne montre que ce que l’on veut voir.
En limitant ses personnages à leur place par rapport à l’angle mort, qui, par ailleurs, peut se révéler étonnamment vivant, l’auteure a choisi de les dépouiller de toute profondeur et toute psychologie.
C’est un choix que l’on peut apprécier ou non, mais il est ici parfaitement justifié.