
La narratrice vient ici, en relation avec la lionne, reparcourir deux étapes de sa vie amoureuse. La première à Berlin alors qu’elle avait vingt ans, et la seconde à quarante ans, en France.
C’est lors d’une visite au zoo de Berlin qu’elle tombe sur une lionne enfermée dans une cage étroite. Profondément émue par cet animal qui ne bouge pas sinon pour se mutiler, la jeune femme la visite fréquemment, fascinée par cette image d’elle-même puisqu’elle entretient au même moment une relation de dépendance malsaine avec un jeune homme qui l’encage psycho-sexuellement.
Si l’héroïne a tant de mal à quitter cet homme, c’est en vertu de ce déchirement entre son désir d’une vie riche, autonome, libre, et son besoin d’appartenir totalement à un homme, d’être même entravée par lui, ce qui la rend potentiellement encageable .
Quand vingt ans plus tard la narratrice aime à nouveau, elle craint de retomber dans la même cage qu’à Berlin. Mais avec ce second amour, elle comprend qu’il y a une troisième voie : un devenir lionne de la femme qui lui permet de sortir des cages mentales et sexuelles que la société, et elle-même, ont édifiés. Un devenir lionne piétinant les barreaux de la binarité et de la hiérarchie, inventant d’autres rugissements pour sortir de ce système qui n’engendre que la violence, la domination et la haine..
Ainsi, entre la liberté sans engagement et l’esclavage, il existe la confiance
Intelligent, enlevé, ce livre d’une femme forte et fragile, vulnérable et puissante, douloureuse et radieuse, est un appel à ce qui, dans la femme et par elle seulement, peut aboutir à un devenir autre, et donc à un avenir impensable dans les systèmes patriarcaux,
Merci à NetGalley ainsi qu’aux édition J.L. Lattès pour cette lecture.