Kishi, Yusuke – La leçon du mal

Traduction : Diane Durochers


Hasumi, professeur d’anglais dans le lycée privé Shinko, parvient à résoudre rondement et avec succès tous les problèmes et conflits survenus dans l’école. Adoré par ses élèves, apprécié par la plupart de ses collègues, il n’y a véritablement qu’une élève, Reika, et le chien de ses voisins qui se défient de lui.
Parmi le staff des professeurs sérieusement entamés, Reika redoute et se méfie surtout d’Hasumi parce qu’usant de ses charmes, il tisse la toile au coeur de laquelle il englue ses victimes.
Totalement dénué d’empathie, Hasumi a appris, tout jeune encore, à imiter les expressions liées aux sentiments, et comme il possède un don d’acteur effarant, il parvient aisément à tromper son entourage.
Il ne jouit pas tant, comme la plupart des psychopathes, de faire souffrir et de tuer ses victimes, non, sa vraie jouissance c’est de berner les autres et de les voir ensuite se dépêtrer dans la confusion et la peur.
Face à la naïveté et l’aveuglement de tous, Hasumi prendra de plus en plus de risques, sûr de demeurer impuni.
Un roman qui malheureusement, au lieu d’aller vers plus de nuances et de profondeur, verse dans l’excès et l’invraisemblance, sinon dans la farce.

Hiltunen, Pekka – Sans visage

Traduction : Taina Tervonen

Touchée par le sort d’une jeune femme dont le corps, passé sous un rouleau compresseur, s’est vu exposé dans la City, Lia Pajada, jeune graphiste finlandaise, veut rendre son nom et sa dignité à cette femme que la presse dénomme « sans visage »
Lia se lie bientôt d’amitié avec Mari, une femme à l’intelligence et à l’intuition hors normes. Graduellement, Lia apprend que son amie consacre sa vie à faire obstacle à l’injustice et la violence.
Ainsi, aidée de quelques amis remarquables, Mari s évertue à faire tomber le leader d’un parti d’extrême droite propageant la haine et la violence. Lia assiste son amie et entreprend des fouilles en vue de déterrer le passé de cet homme vénéneux.
Mais Lia se sent toujours en devoir de réhabiliter la femme sans nom dont l’ADN s’est révélé d’origine balte. Lia se renseigne alors sur la victime dans les bars et épiceries baltes où elle ne reçoit que silence et hostilité avant d’en ressortir, suivie par un homme qui a tout l’air d’un tueur au solde de la mafia.

Entre le monde de l’extrême droite qui rassemble surtout de jeunes hommes en mal de virilité et de domination et le monde de la prostitution où la femme est vue comme une esclave sexuelle, il y a une continuité de vie, de politique et de moeurs que les deux amies veulent combattre.
Mais elles s’opposent dans leur manière de mener ce combat : Mila estime que la fin justifie les moyens, Lia considère que les moyens doivent se conformer aux principes de leur fin.
Ce roman particulièrement actuel allie l’intelligence à l’émotion et j’en attends la suite avec impatience.

Vincent, Gilles – Usual victims

Camille est déjà la 4ème jeune femme qui se suicide par pendaison dans les locaux de Titania, une sorte de géant Amazon. Et cette sorte de contagion atteint une chef comptable qui se jette du toit après avoir détecté une fraude financière.
Une équipe de policiers s’installe dans Titania pour éclaircir ce mystère. Elle se compose de Martin et Clémentine, le premier peu futé, la seconde plus finaude et mature, auxquels s’ajoute Stéphane, un jeune stagiaire taxé d’Asperger ou d’autisme, en tous cas un homme taiseux, quelque peu obsessio nnel etdont les capacités d’observation et de logique sidèrent ses collègues.
Toutes ces femmes décédées sont dans la même tranche d’âge, mais qu’ont-elles d’autre en commun ?

Ce roman mené par un tueur en série particulièrement effrayant car il anticipe tous les chemins que prendra la police et s’amuse à semer de faux indices pour mieux la piéger.
On entre également dans le labyrinthe du dark web et dans une course poursuite tout aussi dédaléenne qui se terminera en pied de nez assez réussi mais frustrant.
Un roman policier étonnant, avec un dispositif scénarique parfois un peu facile, plutôt tiré par les cheveux, mais surprenant

Carrisi, Donato – La maison sans souvenirs

Titre original : La casa senza ricordi
Traduction : Anaïs Bouteille-Bokobza


Pietro Gerber est psychologue hypnotiseur d’enfants en souffrance. Lui-même est englouti dans une misère affective qu’il fuit en se réfugiant dans l’imaginaire jusqu’à en perdre la notion du réel.
Huit mois plus tôt, une mère et son enfant se sont évaporés en plein bois. Aujourd’hui une femme, dans ce même bois, vient de tomber sur l’enfant mutique et figé. Afin d’amener l’enfant, Nikolin, à parler, Pietro est appelé par la juge et, sous hypnose, l’enfant dit avoir tué sa mère. Mais Pietro entend que l’enfant ne parle pas en son nom, qu’il est parlé par un autre qui, ayant hypnotisé Nikola, transmet sa propre histoire et adresser un message à Pietro. Mais ce dernier veut à tous prix libérer l’enfant de cet « affabulateur» (selon une malheureuse traduction car cet homme, capable de s’introduire dans l’esprit des autres, possède un talent d’hypnotiseur inouï et en mérite le titre.)

Quelle puissance dans ce livre qui justement démontre la puissance de l’esprit sur nos corps et nos actes, un esprit qui nous conduit à nous dépasser mais aussi à nous égarer.
Comme souvent chez l’auteur, il y a une histoire dans l’histoire, et tandis que la première est un leurre et la seconde une énigme, il y a encore une troisième dimension, celle de la vérité, ici adressée à Pietro Gerber et qu’il n’entendra que trop tard
Un livre redoutablement intelligent et profond.

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